"Ne t'endors pas, me disait-elle. Tu vois, je dors les yeux ouverts. Les yeux font tout, pas besoin de bouger. Les yeux mangent, parlent, volent, caressent, s'effondrent, tuent."
"Ils tuent?" m'entendis-je demander.
Nulle réponse.
J'ai attendu toute la nuit. Les yeux me piquaient.
Mes paupières, de plus en plus lourdes. Ne pas les fermer.
Attendre.
Nous étions seules dans une grande maison sans adultes. Plafond bas, frôlant le lit dans lequel j'étais couchée.
Elle se tenait immobile dans la même position.
La faible lumière de l'aube éclaira son visage. Ses yeux brillaient.
Des larmes rouges ruisselaient sur ses joues de porcelaine. Je ne saignais plus.