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écrivain voyageur anthropologue curieux

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Maria Maïlat - écriture-lecture-traduction, poésie, anthropologie et philosophie


LEVINAS

Publié par ide

 

"Responsabilité pour autrui, pour le premier venu dans la nudité de son visage. Responsabilité au-delà de ce que je peux avoir commis ou non à l'égard d'autrui et de tout ce qui aura pu être fait, comme si j'étais voué à l'autre homme avant d'être voué à moi-même."

Lectures croisées avec Anders et W. Benjamin : l'homme ne pourra ni se connaître, ni trouver un équilibre avec soi-même tant qu'il ne situera - volontairement, par choix -  à égale dignité l'inconnu, l'altérité, celui même qui ne correspond pas aux normes de "sa" société, de son pays.

L'autochtone ou le fonctionnaire (ou l'employé) qui occupe un poste dans une des institutions ne trouvera pas la paix avec soi-même tant que l'altérité dont il est censé s'occuper est empêché d'accéder à l'égale dignité de "compétences" et de reconnaissance que celui qui occupe ce poste et se fait payer sous motif de venir en a aide, de soigner, protéger, éduquer... 

Le travail social ne peut être émancipateur tant que l'on use jusqu'aux cordes de la destruction de l'usager sous couvert des aides et de protection. 

Tant que le pouvoir de domination du travailleur social constitue un "point aveugle", et tant que les travailleurs sociaux provoquent l'aliénation de l'autre (parent, enfant, vieux, malades, immigrés), tant que leur travail enferme l'altérité dans des catégories de "pathologies", "échecs", "troubles de comportements", "danger", "incasable" etc. aucun professionnel ne sortira indemne d'un telle pratique de masse, toxique et aveuglant. Et aucun professionnel ne pourra sauver sa propre humanité. 

L'altérité détruite par la domination des actuelles postures et pratiques dans les services sociaux et dans la protection de l'enfance entraîne l'anéantissement de toute éthique en travail social.  

Les travailleurs sociaux appliquant partout les mêmes "mesures" de discrimination dites positives devraient mesurer la destruction de l'éco-système humain que leurs pratiques engendrent dans la vie des "familles/usagers". Il n'y a pas que les centrales nucléaires qui menacent l'humanité. Les "dispositifs" en protection de l'enfance le font aussi, mais dans ce domaine nous n'avons créée aucun outil d'évaluation, aucun observatoire de surveillance des effets provoqués par les interventions professionnelles dans le développement et le devenir des personnes dites "usagers"! Aucun plan de décroissance de ces mesures et aucune alternative. C'est même le contraire : les travailleurs sociaux réclament encore plus de moyens pour faire encore plus de la même chose dans leur acharnement de destruction-aides des "usagers" (parents/enfants). Aucune inquiétude ne les arrête quand aux effets de cette masse de mesures et de compétences qui tombent sur la tête des enfants et de leurs parents. Il suffit pourtant de lire 100 dossiers de l'enfant pris dans les fourches chauvines de l'ASE pour comprendre ce processus d'aliénation et de destruction du moindre accès de l'enfant à sa vie, à l'histoire-à-venir!

Il suffit de compter le nombre d'intervenants et de dispositifs  ASE qui formate l'enfant et l'enferme dans une"carrière" de cas psycho-pathologique et/ou délinquant. Cette dualité est omniprésente dans les choix des théories et des mesures depuis plus de cent ans. l'emballage du discours pseudo-scientifique a changé, le packaging psycho a changé mais l'aliénation est appliquée à 'enfant d'une manière plus perverse, plus subtile.

Pour faire carrière dans le formatage de cas psycho-pathologique voir de "percer polymorphe" ou encore de "échec" voir du déchet humain, tous les moyens des institutions son bons comme par exemple le gavage avec des psychotropes qui échappe à toute contrôle digne de ce nom et dont certains enfants (par centaines) bénéficient pendant toute leur enfance.

La protection ne leur ouvre qu'accidentellement une troisième possibilité, celle de vivre comme tout enfant.

Aujourd'hui, il faudrait exiger un droit à un minimum enfance, une sorte de RSA pour les enfants qui BENEFICIENT des mesures en protection de l'enfance.

En appliquant les actuelles "mesures" sans rien mesurer quant aux effets de leur travail, référentiels, guides, etc., les travailleurs sociaux se condamnent eux-mêmes à la perte de leur être au monde. Un des revers de cette destruction de l'humain perpétrée par les travailleurs sociaux (sous couvert d'aides et de protection spécialisée!) est le "burn-out": boomerang frappant en retour les porteurs acharnés des dispositifs destructeurs de la dignité des "usagers". Et comme la loi de l'arbitraire, du "cas par cas", règne dans les discours et les pratiques professionnels, le burn-out obéit à la même loi de l'arbitraire et frappe à l'aveugle tel ou tel professionnel. Le burn-out marque l'obsolescence de l'homme et non pas la responsabilité des organisations. Quand la responsabilité est noyée par les travailleurs sociaux et leurs chefs dans un sentiment de peur et une charabia pseudo-judiciaire de fantasmes, tout le monde est écrasé et participe à cet écrasement nommé totalitarisme.  La devise du totalitarisme: avoir peur et s'interdire de penser! Voilà l'ordre total que je décrypte tous les jours lorsque je me présente chargée de ma responsabilité de cancrelat et d'altérité devant les travailleurs sociaux de l'ASE. Un cancrelat qui parle et pense en même temps c'est une absurdité qui soulève des écumes de rage et d'agressivité que je dois affronter avec le sourire. Parfois, quelques regards, quelques prises de parole humaines me signalent qu'il existe des survivants, des naufragés qui tentent de résister à l'aliénation totale portée par les mesures et les discours...

 

cf. LEVINAS - Ethique comme philosophie première 
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