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écrivain voyageur anthropologue curieux

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Maria Maïlat - écriture-lecture-traduction, poésie, anthropologie et philosophie


Le passé n'est ni cause ni explication du présent

Publié par Maria Maïlat sur 14 Septembre 2013, 11:57am

Hélas, ni l'homme ni les peuples ne sont pas à même de "tirer des leçons" du passé, autrement on l'aurait su. Le passé posé comme référence du présent bouche l'horizon. D'où l'idée de la créativité, de la raison créatrice, acte de rupture et de saut volontaire, politique, qualitatif. La raison créatrice ouvre la jonction entre l'être et le principe d'espérance... désespérée. L'espérance est désespérée par excellence (cf. G. Anders).

Si nos institutions incorpore le passé comme référence du présent, alors les mécanismes de la répétition destructrice - ou de l'éternel retour que Nietzsche abhorrait - se mettent à broyer les plus vulnérables, ceux qui n'ont pas été gâtés dans leur passé.

L'homme est créateur de cité avec les autres parce qu'il a la volonté de rompre avec les idées reçues et de déconstruire les déterminismes du passé qui semblent allaient du soi. L'homme créateur de vie avec les autres doit se donner la volonté de transcender les chaînes du déterminisme imposé par et dans l'air du temps. Il doit bousculer le temps, tout en restant dans l'espace de ses contemporains (et non pas dans la tour d'ivoire). La raison créatrice rend le passé NOUVEAU, elle "invente la tradition" dit Arendt (beau paradoxe).
Même si l'homme a appris beaucoup de choses, il doit entreprendre une mise en abîme pour se libérer et pour créer la vie avec les autres en se méfiant de l'entre-soi . Même quand on se connait, les choses ne devraient jamais s'installer, bien au contraire, il faudrait souvent se reposer la question éthique des effets que les institutions, les habitus, les groupes prescripteurs d'opinion produisent dans la vie de ceux qui n'ont que le principe du désespoir sans espérance et qui dans leur existence quotidienne sont maintenus dans un état d'indignité comme s'ils devaient payer de leur peau nos propre illusions, idéaux et humiliations. Car l'esclave du système salarial fait payer son propre asservissement à ceux qui sont encore plus vulnérables que lui.

Walter Benjamin a tranché: laissons à l'ange qui marche à reculons le soin de plonger son regard dans la passé constitué de ruines qui bouchent l'horizon, remplissent l'air de poussière et du bruit assourdissant de l'effondrement... le passé que la lierre recouvre. Seuls les arpenteurs et les passeurs solitaires, les historiens perdus dans les archives oubliées dans les caves, seuls ceux qui ne tirent aucun avantage de leur travail, devraient nous donner des nouvelles de ce passé. Nous avons fort à faire: regardons le chemin que notre volonté, notre liberté et nos choix déplie dans nos mots, gestes et sous nos pas. parvenir à la condition du compagnon, comme disait Blanchot, est l'oeuvre de toute une vie. Et ce chemin est friable, sentier de montagne déblayé non seulement pour nous, mais pour ceux qui n'accèdent pas - par leur naissance ou ontologie - au même espérance de vie que nous.

Le passé - comme référence du présent et arme de prédiction - est aussi une source de manipulation des gens. L'image d'Epinal ou la " fétichisation" du passé par des pouvoirs réactionnaires est un fait quotidien qui produit, en partie, les électeurs du FN. Même ceux qui ne votent pas FN, sont les fournisseurs de l'extrême droite par leurs propos dépourvus de recul, de vigilance. Dire "autrefois c'était mieux", c'est stimuler le désir d'obéissance des gens et la peur d'inventer, d'écrire l'éthique du changement.

De surcroît, nous assistons ou participons à la marchandisation du monde et de la vie. Du moment où ça leur rapport des sous privés, cachés, non déclarés au fisc, les gens "honorables" aiment ça. Ils achètent cher leur privilège d'avoir peur, de dépenser les sous salement gagnés dans un systeme exonomique où l'argent est sale même quand c'est un salaire. Il n'y à plus d'argent propre mes amis, mais on fait semblant de croire que si! Seul l'euro est sale, ha ha ha, il suffirait de retrouver le bon vieu franc de Pétain et co. Quelle idiotie !

Alors, le passé idéalisé sert pour justifier le TOUT sécuritaire. Et des psychologues sans culture philosophique sont les prédicateurs de notre besoin de sécurité et des liens d'attachement, théorie qui sert à merveille le maintient d'un système qui repose sur le rapport maître/esclave.

La marchandisation de la vie humaine produit du marketing et un pouvoir qui classe des vies humaines parmi les produits périmés ou jetés à la poubelle comme la vie du jeune de 18 ans que le marchand de bijoux a descendu comme s'il tirait sur une canette de bière vide. Le marchand et le politique s'octroient - entre-soi - des vies entourées de barbelés, rideaux de fer et armes à feu. Et les esclaves au sens hégélien de ce mot, c'est a dire des gens dont le plus fort désir est de boire le lait noir de la peur et de l'obéissance, cliquent sur FB comme des lobotomisés sur j'aime pour soutenir cette criminalité marchande qui détruit le vivre-ensemble dans nos cités. Ce sont eux qui utilisent le passé pour alimenter le désir de tourner en rond et de ramper dans ce que l'on pense être des droits (il suffirait donc de faire une loi qui autorise la détention et l'utilisation d'une arme chez soi.)

Les maîtres des conjonctures tragiques n'ont ni passé ni histoire. Ce sont les esclaves (au sens hégélien de ce terme) et les chantres qui leur fabriquent des histoires d'enfance et même une ... psychologie. Par exemple, l'abondance des photos et discours fétichistes sur l'enfance de "AdolfH" sur FB. Et la doctrine d'établir une relation causale entre son passée d'enfant et le mal absolu qu'il a choisi d'incarner. Adulte, il a fait ce choix librement, en toute connaissance de cause, il a choisi de mettre en mouvement les pires rouage, les mécanismes totalitaire de l'Etat-nation et du pouvoir des magnats.
Les actes d'un criminel de guerre doivent être frappé par l'interdit de chercher des justifications dans son "passé d'enfance". Le criminel de guerre doit être jugé hors enfance, hors histoire ordinaire lorsqu'il a utilisé les pouvoirs d'un État et des institutions, voir des alliances internationales, pour ordonner des massacres et des génocides.

Et enfin, encore une chose à propos du passé utilisé comme référence explicative du présent : si le passé était une référence, pourquoi autant de débat sur la manière d'enseigner l'histoire aux enfants et aux jeunes? On constate que ce sont les références idéologiques et les enjeux de pouvoir qui fabriquent la vérité dans l'histoire. Comment se fait-il que la guerre menée par la France en Algérie qui représente un élément objectivable du passé n'a pas pu prendre place dans les manuels scolaires?

Ce texte est un support aux débats et compléments que seule la rencontre peut porter.
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