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écrivain voyageur anthropologue curieux

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Maria Maïlat - écriture-lecture-traduction, poésie, anthropologie et philosophie


sur les traces de Michaux

Publié par Maria Maïlat sur 26 Juin 2011, 11:09am

DE L'INVERSION DU MONDE

Ce n’est qu’un petit trou dans ma poitrine, mais il y souffle un vent terrible. 

Dans le trou, il y a la haine (toujours), l'effroi aussi et l'impuissance. 
Mais je ne les nomme jamais. 
Le trou n'a pas de nom.
Et j'en ris. 

Je sais dire non et rire en disant non.
Je suis un homme fort dans le vide et le vent.
Je veux savoir pour préserver ma force dans le vide.
 
Malédiction sur toute la terre, 
sur toute femme qui vient m'aimer, me parler.
Sa voix, sa présence m'encombrent.

Elle doit être réduite au silence du coupable ou à la dépendance.

Ses questions sont des malédictions. 
 Je les efface.
Efface le visage, la colère, la volonté de la femme qui parle.

Je me cale sur le trou pour mieux bâtir mon oeuvre. 

J'annule le temps, la promesse que je fais, je ne la tiens pas, 
pas besoin. Je n'ai besoin que du vide.
Et de mon rire au bout du fil, avant de raccrocher. 

Ah ! comme on est mal dans ma peau.

Mais je vais bien.
Je suis heureux de ce mal dans ma peau. 
Plus heureux que si j'avais fait un cadeau d'anniversaire.

Heureux ou indifférent, cela revient au même.

J’ai besoin de me savoir le pus malheureux
plus malheureux qu'heureux, 
cela participe à mon épanouissement. 

Je me déclare contre la mémoire. Le vent souffle pour ça.

 Mon fils n'est pas mon fils.
Ma vie n'est pas ma vie.
Et si ça ne change pas, ça continue.

Mon corps plein de plaies doit fonctionner. 
Jouir de ce fonctionnement comme d'une machine que je conduis
aussi bien que le petit cheval en bois de mon enfance.

Je conduis l'engin mort, le moteur à injection, comme si c'était de l’amour.

Et c’est ma vie, ma vie par le trou dans ma poitrine,
ma vie par l'engin à deux et à quatre roues 
qui s'en va.
L'autre, je la dégomme.

Je contemple davantage le trou qu'un visage: 
le trou remplace la femme, son visage.
Sur ma propriété ne pousse aucune rose.

Je suis bâti sur une terre absente.
Mais je suis chez moi, je n'ai jamais bougé d'ici. 
J'ai horreur de changement. Horreur de surprises.

La haine et l'amour sont broyés pour nourrir le trou dans ma poitrine. 
Je me lave de toute pensée qui n'est pas mienne.
Il n y'a pas lieu de s'encombrer à comprendre l'autre.
Le trou n'a pas besoin de toute cette attente.
Le trou est pas femme.
Futilités de la femme qui parle. 
C'est l'indifférence répétitive, caustique qui me fait jouir
plus que la vie. 
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