Méditerranée à la nage

La Méditerranée sans cesse retrouvée dans l'absence de clarté -

Mensonge médusé entre tes mots qui me poussent au fond,

tout au fond en apnée parmi les milliers de noyés -

Pourtant, dans tes rêves, tu arrives, enfant de l'innocence 

et les fantômes du testament s'agitent loin de toi.  A l'aube,

la rage de la douleur rythme ta respiration, entre les roues, 

les lettres cassées te font obéir à la langue compulsive,

aux grognements blessés - ta langue me taillade les veines. 

Tu laisses les ruines prendre ta place :  

comment te fuir, amour ?

Le désir cherche la ruse vers l’oubli, à la source de Léthé où coule

la chair devenue fange des amantes tristes que tu as renié avant moi.

Médée porte entre ses seins un fleuve sombre sans patrie.

Ses yeux rongés de fatigue te regardent

même quand tu n’es pas avec elle.  

Je n'attends plus rien.

Une barbe d'algues vient te caresser le visage

fuyant la vérité de Colchide.

Ensablée, Médée d'un grand sourire effrayant 

change l'espoir en pierre.

A la nage, je retrouve les vagues solitaires, 

la tendresse d'être encore un peu entière : 

non, ce n'est pas mortel.